Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il arriva, portant beau, vêtu de gris pâle, mais la cravate noire et un ample brassard noir sur la manche. Il riait, pleurait, postillonnait, serrait des mains, embrassait les dames, éclatait en sanglots dans le sein des plus vieilles. On ne voyait que lui.

Ce fut aux funérailles qu’il se révéla l’héritier véritable. Ce fut une scène que personne n’oubliera.

Le cortège allait se mettre en marche vers le cimetière, lorsque Rodrigue s’avisa qu’il y avait bien des voitures. Dans sa douleur, d’abord, il sourit d’aise vaniteuse, puis, se ravisant, devant tout le monde, il dit à l’employé des pompes funèbres :

— Ces voitures sont-elles comprises dans le contrat ?

— Non, mais, comme votre frère était bien connu, on a pensé…

— Dans ce cas-là, que ceux qui veulent suivre paient leur voiture, la succession s’en chargera pas…

Ce fut dit du ton péremptoire d’Arthur, lorsque celui-ci faisait des affaires. À ce moment, Patsy tout en larmes s’avançait. Rodrigue lui serra la main, onctueusement, puis, la regardant