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voiture brillait, et l’attelage. Et le cheval était un bon cheval. Il ne le fatiguait pas cependant, si Arthur se montrait fier qu’il fût vif. Que les autres eussent des autos, déjà, ne l’humiliait point. Il savait qu’il pouvait en acheter une quand il voudrait. Il préférait le cheval.

Ses compagnons, des rentiers comme lui et qui suivaient les cotes de la bourse sur le tableau noir, le trouvèrent aussi serein que d’habitude, la dernière fois qu’ils le virent, le matin, chez le courtier. Il mâchait son éternelle chique de gomme (il ne fumait jamais), et il plaisantait sur les valeurs :

— La Power prend du temps à se réveiller, aujourd’hui, mais elle a toute la journée à elle… La Steel est bien faraude, tout d’un coup, elle prépare quelque chose… Le Twin fera pas de vieux os, je vous gage ma part de Panama, monsieur Julien…

Il partit à l’heure de la soupe et, en tram, se rendit chez lui. Comme toujours, il dit au conducteur :

— Vous devriez me débarquer devant chez nous, je suis votre bourgeois

Songez qu’il possédait des parts de la compagnie.