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fait faillite. C’était un homme sans dessein, il n’avait pas de génie. Gauche, tout ce qu’il entreprenait périclitait. S’il n’y avait eu sa femme, ses enfants auraient été dans le chemin. Madame Pesant fut toujours une femme de tête et qui tira d’affaires pas mal de fois l’imprudent mari. Notre Arthur venait d’atteindre 21 ans, lorsqu’elle mourut. Elle possédait en propre $3.000, que Pesant n’avait pu lui arracher, si bien que, avec les deux autres enfants, Arthur héritait une somme qui, dans le temps, paraissait rondelette. Le surlendemain des funérailles et avant d’avoir touché le magot, Arthur partait pour la ville. Ce qui lui donnerait le temps de voir venir. Du reste, il ne manquait pas d’expérience, ayant été comptable dans une petite brasserie du bourg voisin.


Arthur trouva vite ce qu’il voulait. C’était une épicerie dans le Griffin town, non loin du canal. Et ça lui coûtait une chanson. Le propriétaire, un « enfant de la paroisse », un compatriote, venait d’avoir une attaque, et sa femme, pour lui éviter la tentation du whisky, voulait vendre tout de suite et retourner au village passer leurs vieux jours.