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qu’il connaissait d’expérience les ravages de la boisson. Se sentir drôle, excité, comme ça lui enseignait les malheurs qui peuvent fondre sur les ivrognes. « On ne sait plus ce qu’on fait », non, ce n’était là une expression exagérée. En outre, d’avoir demandé ainsi la grande Armandine, il se croyait presque indécent. Au fait, y eut-il jamais rien de plus indécent ? L’envie lui serait venue d’aller tout de suite à confesse. Non, il ne boirait plus comme ceux-là qui boivent pour se désennuyer. Il avait décidément trop à faire pour connaître le désœuvrement.

Trois rues avant le chez-eux d’Armandine, il la laissa. On ne sait jamais, il y a de si mauvaises langues. Armandine ne rentra pas tout de suite, non plus. C’était plus prudent. Et puis, ce serait une chose faite, elle se rendit à l’église, pour un bout de prière.

Vous attendez ici le paragraphe sur la dévotion d’Armandine, sur son état d’âme. On n’est pas demandé en mariage tous les jours. Pourtant, parce qu’il s’agit d’Armandine, je ne saurais marquer ces réactions. Ni l’un ni l’autre, je vous l’ai dit, n’eurent jamais de ce jour un souvenir. Cela s’était fait : ils ne pou-