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tan tourmentait ; l’esprit maudit lui apparaissait sous la forme d’un grand dragon qui voulait la dévorer et il avait sucé tout son sang de sorte qu’elle ressemblait à un cadavre. Et toutes les fois qu’il se jetait sur elle, elle criait, en joignant les mains au-dessus de sa tête et elle disait : « Malheur, malheur à moi, car il n’y a personne qui puisse me délivrer de cet affreux dragon. » Son père et sa mère et tous ceux qui l’entouraient et qui la voyaient, se livraient à l’affliction et répandaient des larmes, surtout lorsqu’elle pleurait et disait : « Ô mes frères et mes amis, n’y a-t-il donc personne qui me délivre de ce meurtrier ? » La fille du prince qui avait été guérie de la lèpre, entendant la voix de cette malheureuse, monta sur le toit de son château et elle la vit, les mains jointes au-dessus de la tête, versant des larmes abondantes et tous ceux qui l’entouraient pleuraient aussi. Et elle demanda si la mère de cette possédée vivait encore. Et quand on lui eut répondu que son père et sa mère étaient tous deux en vie, elle dit : « Faites venir sa mère auprès de moi. » Et quand elle fut venue, elle lui demanda : « Est-ce ta fille qui est ainsi possédée ? » Et la mère ayant répondu que oui, eu versant des larmes, la fille du prince dit : « Ne révèle pas ce que je vais te confier ; j’ai été lépreuse, mais Marie, la mère de Jésus-Christ m’a guérie. Si tu veux que ta fille obtienne sa délivrance, conduis-la à Bethléem et implore avec foi l’assistance de Marie et je crois que tu reviendras pleine de joie ramenant ta fille guérie. » Aussitôt la mère se leva et elle partit et elle alla trouver Marie, et elle lui exposa l’état dans lequel était sa fille. Marie