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lade. L’une se nommait Marie et son fils avait nom Kaljufe. Cette femme se leva et elle porta son enfant à Marie, la mère de Jésus, et elle lui offrit une très-belle nappe, et elle lui dit : « Ô Marie, reçois de moi cette nappe et, en échange, donne-moi un de tes langes. » Marie y consentit et la mère de Kaljufe fit avec ce lange une tunique dont elle revêtit son fils. Et il se trouva guéri et l’enfant de sa rivale mourut le même jour. Il en résulta de grands dissentiments entre ces deux femmes ; elles s’acquittaient, chacune à son tour, une semaine durant, des travaux du ménage et une fois que le tour de Marie, la mère de Kaljufe, était venu, elle s’occupait de faire chauffer le four pour cuire le pain et, allant chercher la farine, elle sortit laissant son enfant près du four. Sa rivale voyant que l’enfant était resté seul, le prit et le jeta dans le four tout embrasé et elle s’enfuit. Marie revint et elle vit son enfant qui était au milieu du four où il riait, car le four s’était soudainement refroidi, comme si jamais il n’y avait été allumé de feu, et elle se douta que sa rivale l’avait jeté là. Elle s’en retira donc et le porta à la vierge Marie et lui raconta ce qui s’était passé. Et Marie lui dit : « Tais-toi, car je crains pour toi si tu divulgues ces choses. » Ensuite la rivale alla au puits puiser de l’eau et voyant Kaljufe qui jouait auprès et qu’il n’y avait à l’entour nulle créature humaine, elle prit l’enfant et le jeta dans le puits. Des hommes étant venus pour se procurer de l’eau virent l’enfant qui était assis sans aucun mal, sur la surface de l’eau, et ayant descendu des cordes, ils le retirèrent. Et ils furent remplis d’une telle admiration