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Tel est le jeu de adventu et interitu Antechristi ; nous n’avons pas été fâché de le citer comme un échantillon d’après lequel on peut se former une idée assez juste de ce qu’était l’art dramatique à l’époque qui précéda les croisades, et nous espérons qu’on nous pardonnera cette digression.

(15) Nous plaçons ici le fragment traduit par M. Dulaurier et dont nous avons déjà parlé précédemment « En comparant le récit de l’écrivain arabe avec ceux de l’auteur copte « remarque fort judicieusement le traducteur, » on se convaincra que l’ouvrage du premier n’est qu’une traduction abrégée de l’original égyptien. Cette composition se rattache trop évidemment par le fond des idées aux doctrines théosophiques dont l’Égypte fut la patrie, et par son style à ce caractère de simplicité qui est propre à la langue copte pour qu’il soit possible de supposer que l’original n’ait pas été écrit en cet idiome et qu’il ait eu le jour ailleurs que sur les bords du Nil. » Telle est la vie de Joseph, mon père chéri. Ce ne fut qu’à l'âge de quarante ans qu’il prit une femme; il vécut avec elle neuf ans. Après qu’il l’eut perdue, il resta deux ans dans la viduité. Ma mère en passa deux avec lui, depuis qu’il l’eut choisie pour sa compagne. Il lui avait été ordonné par les prêtres de la conserver intacte jusqu'à l’époque de la célébration de leur mariage. Ma mère me donna le jour au commencement de la troisième année qu’elle habitait la maison de mon père, et le quinzième de son âge. Elle me mit au monde dans une caverne qu’il est défendu de révéler, et qu’il est impossible de trouver ; il n’est aucun homme au monde qui la connaisse, si ce n’est moi, mon Père et le Saint-Esprit. Les années de la vie de mon père Joseph , dont la vieillesse fut bénie, sont au nombre de cent onze. Suivant la volonté de mon père, le jour de sa mort arriva le 26 du mois d’Épiphi. «Joseph, (4) malade à Nazareth , est plongé dans la terreur et le chagrin : il déplore ses péchés. Jésus arrive pour le consoler ; Joseph lui adresse ses prières, l’appelle son Seigneur, vrai Roi, Sauveur, Rédempteur, Dieu véritable et parfait, le supplie de lui pardonner la pensée qu’il avait eue un jour de renvoyer sa mère de chez lui, jusqu'à ce qu’un ange lui eût assuré qu’elle avait conçu du Saint-Esprit ; il le prie aussi d’oublier qu’une fois, dans son enfance, il l’avait saisi par les