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(10) Ce livre, dans lequel sont écrits les péchés des homme, est une tradition rabbinique et musulmane. Il sera apporté au jour du jugement et compulsé par l’ange Gabriel, à ce qu’assurent les commentateurs du Coran.

Ce serait une recherche curieuse, mais qui nous entraînerait trop loin, d’examiner quelles ont été les images sous lesquelles l’art chrétien a représenté l’âme. La plupart des Pères l’ont regardée comme une substance complètement incorporelle, et cependant quelques docteurs lui attribuaient volontiers une forme. Le vulgaire lui donna toujours un corps. Dans une foule de bas-reliefs, de peintures, elle est représentée sous l’aspect d’une petite figure humaine, et les hagiographes abondent en récits relatifs à des bienheureux dont on voit l’âme monter au ciel. Parfois elle s’envole sous la forme d’une colombe.

In figure de colomb volat a ciel,


dit un cantique roman. Voir Prudence, hymne ix, et les passages des Acta sanctorum, qu’indique M. E. du Meril. (Poésies populaires latines du moyen-âge, p. 319).

Quant aux soins que prend l’archange Michel de l’âme de Joseph, nous remarquerons que l’auteur de l’Évangile que nous traduisons s’est conformé à des traditions répandues de son temps. « Les rabbins (dit M. Alfred Maury, Revue archéologique, t. i, p. 105), admettaient que saint Michel présente à Dieu les âmes des justes. (Voir Targum, in Cantic. IV, 12, et Resbith Chochmach, c. 3), et les Juifs lisent encore dans la prière pour les morts, appelée Tsiddouk Haddin, c’est-à-dire justification du jugement : L’archange Michel ouvrira les portes du sanctuaire, il offrira ton âme en sacrifice devant Dieu. L’ange libérateur sera de compagnie avec lui jusqu’aux portes de l’empire où est Israël. »


(11) Le jour du jugement est aussi appelé par les écrivains Arabes, le jour de la rémunération, le jour de la discrétion, le jour de la séparation, le jour de la pondération, le jour de la vengeance. Il doit durer mille ans et même cinquante mille, selon quelques traditions musulmanes.

Il existe un ouvrage fort singulier du père Hyacinthe Lefebure, intitulé : Traité du Jugement dernier, ou Procez criminel des réprouvez, accusez, jugés et condamnez de Dieu, selon les formalitez de la justice, contenant l’ordre et la forme