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judicieux critique. Nous le redirons avec lui : les légendes des cycles évangéliques sont de simples traditions trop crédules, souvent trop puériles ; mais à chaque page brillent la candeur et la bonne foi. Dans ces narrations familières, dans ces anecdotes contées au foyer domestique, sous la tente, à l’ombre des palmiers au pied desquels s’arrête la caravane, le tableau des mœurs populaires de l’église primitive se déroule en toute sincérité. L’âme et la vie de la nouvelle société chrétienne sont là, et elles y sont tout entières. Ces récits sont maintes fois dénués de vraisemblance ; nous en convenons ; ils manquent d’exactitude historique ; la chose est certaine quant à de nombreux détails ; mais les usages, les pratiques, les habitudes, les opinions dont ils conservent les traces, voilà ce qui réunit le mérite de l’intérêt à celui de la fidélité.

Ces légendes étaient les poèmes populaires des premiers néophytes du culte nouveau ; la foi et l’imagination les embellissaient sans cesse ; l’on y rencontre encore des lambeaux reconnaissables de compositions en vers, et qui étaient certainement chantées.

Un écrivain instruit l’a déjà remarqué ; des mémoires qui nous révéleraient l’état un peu complexe de la société chrétienne dans les premiers moments de sa naissance, seraient d’un prix inestimable. Ces récits existent ; mais ils avaient été oubliés, perdus de vue ; ce sont les actes des martyrs, les histoires des apôtres et de leurs disciples, les faux Évangiles des premiers siècles. En