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celles de ses notes qui lui ont paru renfermer le plus d’intérêt. Wallin regardait cette légende comme antérieure au ive siècle ; son style est d’une grande simplicité ; il ne se ressent point de l’enflure et de la recherche métaphorique dont aucun des écrivains arabes que nous connaissons n’a su se préserver, il conserve toutefois de l’élévation ; il s’y rencontre des passages fortement empreints de la couleur biblique ; une foi vive, une teinte patriarcale y domine partout.

Par une fiction hardie, l’auteur place son récit dans la bouche du Sauveur lui-même, et parfois aussi il paraît s’énoncer en son nom personnel. Il y régne dans quelques phrases une obscurité qui résulte de lacunes ou d’erreurs de copistes ; nous nous sommes efforcés, sans nous écarter du texte, d’offrir toujours un sens aussi clair que possible, et nous avons profité, pour atteindre ce but, des conseils d’un orientaliste éclairé auquel nous avons soumis notre version. Un examen attentif fait reconnaître dans le texte arabe des locutions appartenant à l’idiôme vulgaire, et l’on est fondé à y voir une traduction faite vers le xiie siècle, sur une relation écrite en copte et restée inédite jusqu’à ce jour.

Une preuve de la haute antiquité à laquelle remonte la rédaction primitive de cette légende, c’est que les erreurs du millénarisme y ont laissé des traces. On sait que cette croyance fut très-répandue dans les deux premiers siècles et que des docteurs vénérables l’adoptèrent ou n’osèrent la condamner. Les millénaristes prétendaient que Jésus-Christ devait régner sur la terre avec ses saints dans une nouvelle Jérusalem, pen-