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aspect misérable, et il n’avait pas voulu réclamer sa baguette, dans la crainte d’être obligé à prendre Marie. Et tandis qu’il se tenait humblement le dernier de tous, le grand-prêtre Abiathar lui cria d’une voix haute : « Viens, et reçois ta baguette, car tu es attendu. » Et Joseph s’approcha épouvanté, car le grand-prêtre l’avait appelé en élevant beaucoup la voix. Et lorsqu’il étendit la main pour recevoir sa baguette, il sortit aussitôt de l’extrémité de cette baguette une colombe plus blanche que la neige et d’une beauté extraordinaire, et, après avoir longtemps volé sous les voûtes du Temple, elle se dirigea vers les cieux. Alors tout le peuple félicita le vieillard, en disant : « Tu es devenu heureux dans ton grand âge, et Dieu t’a choisi et désigné pour que Marie te fût confiée. » Et les prêtres lui dirent : « Reçois-la, car c’est sur toi que le choix de Dieu s’est manifesté. » Joseph, leur témoignant le plus grand respect, leur dit avec confusion : « Je suis vieux (8) et j’ai des fils (9) ; pourquoi m’avez-vous remis cette jeune fille ? » Alors le grand-prêtre Abiathar lui dit : « Souviens-toi, Joseph, comment ont péri Dathan et Abiron, parce qu’ils avaient méprisé la volonté de Dieu ; il t’en arrivera de même si tu te révoltes contre ce que Dieu te prescrit. » Joseph répondit : « Je ne résiste pas à la volonté de Dieu, je voudrais savoir lequel de mes fils doit l’avoir pour épouse. Qu’on lui donne quelques-unes des vierges, ses compagnes, avec lesquelles elle demeure en attendant. » Le grand-prêtre Abiathar dit alors : « On lui accordera la compagnie de quelques vierges pour lui servir de consolation, jusqu’à ce qu’arrive le jour