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un aspect qui ne manque point de vérité ; les plaintes de Ste-Anne au sujet de sa stérilité sont remplies de vivacité et de mouvement ; dans le cantique qu’elle chante en présentant sa fille au temple, il faut reconnaître des lambeaux poétiques, fragments tronqués et perdus dont la forme lyrique et l’entraînement tranchent d’une façon si nette sur le fond du récit.

Dans son état actuel, quelques passages de cette légende ont pu faire soupçonner qu’elle avait été retouchée par un de ces gnostiques qui condamnaient le mariage, qui maintenaient que le corps de Jésus-Christ n’avait été qu’un fantôme, une apparence formée d’une substance éthérée et céleste.




CHAPITRE Ier.


On lit dans les histoires des douze tribus d’Israël, que Joachim était fort riche et il présentait à Dieu de doubles offrandes, disant en son cœur : « Que mes biens soient à tout le peuple, pour la rémission de mes péchés auprès de Dieu, afin que le Seigneur ait pitié de moi. » La grande fête du Seigneur survint et les fils d’Israël apportaient leurs offrandes (1) et Ruben s’éleva contre Joachim, disant : « Il ne t’appartient pas de présenter ton offrande, car tu n’as point eu de progéniture en Israël. » Et Joachim fut saisi d’une grande affliction et il s’approcha des généalogies (2) des douze tribus en disant en lui-même : « Je verrai dans les tribus d’Israël si je suis le seul qui n’ait point