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LA PRISE DE TROIE

airs, duos, morceaux d’ensemble de coupe déterminée et cependant elle est d’une nouveauté d’inspiration extraordinaire, d’une hauteur de conception magnifique. Habitué maintenant à la polyphonie wagnérienne, aux livrets de légende et de féerie, le public de l’Opéra devait être décontenancé par une partition privée de leit motiv, résumant dans sa ligne de chant, accompagnée d’ailleurs par un orchestre admirable, l’expression directe d’une vie intense ; troublé par une pièce qui n’est que le commencement d’une sorte de vaste épopée très humaine, dont il faut, de suite, lui donner la fin. Il ne tardera pas à se remettre. J’ai souhaité de toutes mes forces le triomphe du drame lyrique parce qu’il aidait à l’évolution nécessaire de l’art. Bien fous sont ceux qui croient que ce triomphe annulera les victoires précédentes ou arrêtera la marche des idées ! Les belles choses resteront ce qu’elles sont et d’autres, heureusement différentes, viendront s’y ajouter. Hector Berlioz, le plus glorieux musicien français du siècle d’où nous allons sortir, est notre Wagner. J’estime qu’il est déjà assez désobligeant pour nous de l’avoir appris de l’Allemagne qui, la première, a honoré les Troyens. Ne l’oublions pas désormais et tâchons de trouver dans cette œuvre maîtresse les éléments d’une renaissance pour le siècle où