à vent, seuls employés ici, donne à la scène un caractère à la fois campagnard et soldatesque. Les cordes ont été réservées pour l’entrée inquiète, dramatique, agitée de Cassandre. En voyant la foule courir vers le cheval de bois construit et laissé par les Grecs, la prophétesse devine le piège tendu. Mais personne ne l’écoute. Sa déploration, d’incomparable noblesse douloureuse, est de beauté supérieure. Cassandre aime Chorèbe et en est aimée. Sans doute y a-t-il là une sorte de concession au public. Je n’ose pas la condamner cependant, car elle nous vaut un des plus remarquables morceaux de l’ouvrage. L’allégresse débordante de l’homme y est superbement opposée au désespoir tragique de la femme. Cassandre, qui sait l’avenir, voudrait que Chorèbe quittât Troie, échappât au danger. Il essaye de la rassurer en une adorable phrase de tranquille simplicité ; elle lui fait un effrayant tableau du carnage qui se prépare et il répond en chantant le calme de la mer, la douceur de la brise, la vie recommençante de la plaine où paissent les troupeaux. C’est admirable jusqu’au moment où les deux voix s’unissent en une conclusion de trop banal effet, à mon avis.
La marche, qui suit, est d’une étonnante puissance. Devant l’autel champêtre défilent processionnellement Ascagne et les enfants,