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BERLIOZ ET « LES TROYENS »

pauvre homme, il faut savoir que Richard Wagner et Hector Berlioz étaient alors en état de rivalité aiguë et féroce. Le maître français, à la chute retentissante du maître allemand, clama, non pas dans son feuilleton des Débats, car il se refusa à faire l’article de Tannhäuser, mais dans les couloirs, pendant les entr’actes de la « première », et ailleurs, un chant de triomphe qui, je m’empresse de le reconnaître, fut très vilain. Hélas ! il ignorait qu’Auber, avec un joli succès, avait dit négligeamment, ce soir-là, en parlant du drame tombé : « C’est du Berlioz sans mélodie. » Furieux, malgré tout, n’ayant plus que cette dernière ressource, il porta les Troyens au Théâtre-Lyrique de Carvalho. Mais là, son œuvre ne pouvait pas être représentée intégralement. Il consentit d’abord à la morceler, à faire de son opéra deux opéras, à ne donner que le second de ces opéras, à en mutiler l’instrumentation ; puis il accepta des interprètes insuffisants, une mise en scène sommaire. Au cours des études, le martyre s’aggrava des coupures qu’on lui imposa, des observations qu’on ne cessait de lui adresser, des moqueries dont on l’abreuvait, des craintes que l’on se gardait bien de lui cacher. Les Troyens à Carthage furent joués dans ces conditions le 4 novembre 1863. Contrairement à l’attente générale, il n’y eut pas bataille. Un seul siffleur manifesta