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À PROPOS DES "BÉATITUDES"

En 1890, au crépuscule d’une de ces tristes journées pluvieuses qui commencent les hivers parisiens, dans un coin retiré du cimetière de tylontrouge, un modeste cercueil se recouvrait de terre. Une vingtaine de jeunes artistes avaient suivi le corbillard qui apporta ce cercueil, et maintenant ils regardaient douloureusement une petite croix de bois noir où quelques mots étaient tracés à la craie : « César Franck, compositeur de musique, mort le 8 novembre 1890. »

Alors, sans discours officiels, après les touchants adieux d’un ami et d’un disciple, l’ordinaire cérémonie s’acheva.

Ce très simple et très digne enterrement ne fut pas, comme on peut le voir, une de ces grandes cérémonies funèbres qui décident, pour un jour, de la joie d’une ville, transformant les églises en salles de spectacle et les cimetières en