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CENDRILLON

sa besogne et s’endort au coin de l’âtre. Elle rêve et la Fée, sa marraine, entourée des esprits et des follets, lui apparaît. Pour qu’elle aille, elle aussi, à la Cour, les Sylphes lui font une robe des rayons de la lune, un carrosse du vent qui passe et, afin qu’elle ne soit pas reconnue, lui donnent une petite pantoufle de vair, talisman qui la métamorphosera. Mais il faut qu’à minuit elle revienne.

Avant la fête, le prince, en dépit du concert que lui offrent ses musiciens, est mélancolique. Il n’écoute pas plus le luth, la viole d’amour et la flûte de cristal, qui lui chantent de douces mélodies, que le surintendant des plaisirs et les courtisans, le doyen de la Faculté et les docteurs, le président du Conseil et les ministres, qui le conjurent d’oublier ses soucis. Il ne se distraira point tant qu’il n’aura pas trouvé l’inconnue de son rêve et de son désir. Cependant le Roi, entré en grande pompe, lui intime un ordre formel. Il devra choisir ce soir, parmi les filles de noblesse, celle qu’il épousera. Elles dansent devant lui, et le laissent insensible. Par surcroît, il ne prête aucune attention à la présence de Mme de la Haltière, de Noémie et de Dorothée, car il attend son inconnue qui s’avance, en effet, et qui n’est autre que Cendrillon. La tendre rencontre se prolonge jusqu’à minuit