français les conséquences de ce déclin qui permettrait à nos compositeurs de secouer un joug
funeste, de dégager leur personnalité, de reprendre leur entière liberté, de retrouver un théâtre
et un public.
C’est à l’Opéra surtout que le wagnérisme « bat son plein ». Comment, en effet, ne pas être frappé de la persistance du vent d’est qui gonfle les voiles de la barque chantante où flottent assez ironiquement nos trois gaies couleurs, barque si vite désemparée dès que ce vent tourne un peu ? Là, Wagner, le fou, le misérable, le paria d’autrefois, est dieu maintenant, et il y a dans ce fait de quoi remplir d’aise les personnes éprises de justice et rendre inébranlable l’opinion des gens qui croient encore à quelque chose de bon en ce monde. La fervente admiration d’à présent rachète le mépris brutal de jadis et la religion wagnérienne agenouille enfin devant un poète, en une commune adoration, le pompier de service à côté du spectateur. Quelle que soit la condition sociale de ceux qui forment le « peuple » de ce théâtre, leur fanatisme est de pareille violence, de pareille générosité d’ailleurs, et il a pour cause, c’est évident, le besoin identique que ressentent constamment les hommes d’honorer le génie après l’avoir bafoué.