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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

venu. Dans le frêne, il enfonça l’arme maintenant resplendissante, la destinant au héros qui pourrait l’en arracher. Aucun ne fut assez fort. Siegmund sera ce héros et délivrera Sieglinde. Mais, tout à coup, sous une poussée mytérieuse, la porte de la maison s’est ouverte et le Printemps est entré. Avec quelle grâce chevaleresque et fière Siegmund le chante ! Son adorable lied, mêlé aux thèmes d’amour et aux motifs essentiels, mènera la scène à une conclusion de puissance, d’enthousiasme inimaginables. Bondissant sur l’Epée, Siegmund l’arrache du frêne, et, dans un indescriptible élan, il fuit, entraînant Sieglinde loin de la demeure douloureuse.

Le second acte contient une des plus poignantes situations qui soient au théâtre. En engendrant des hommes sur la terre, en destinant à ces héros l’Épée qui doit leur permettre de restituer l’Or aux filles du Rhin, Wotan a cru possible sa rédemption ; Fricka va le détromper. Exigeant la punition de l’amour incestueux, elle lui montre que Siegmund n’agit pas librement et que, par suite, il ne peut être le sauveur rêvé. Tenant sa puissance non de lui-même, mais du maître des dieux, le fils hâtera le Crépuscule fatal du père. Sur des thèmes sombrement désespérés, Wotan confesse l’irrémédiable faute à