Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
LA MUSE DE PARIS ET SON POÈTE

toute indépendance, sans s’assurer préalablement du concours de personne, l’entêté compositeur a conçu son œuvre, l’a écrite, vers et musique. Après quoi, aidé par nos édites, il est parvenu à la faire exécuter en plein cœur de Paris.

Si j’en parle maintenant de cette façon, c’est qu’elle ne me paraît pas être une fantaisie isolée de l’auteur de Louise, qui d’ailleurs, on se le rappelle, a déjà tenté plus petitement pareille chose, à Montmartre, pour un défilé, et dans le jardin du Luxembourg, devant la statue de Watteau ; c’est aussi que je la considère comme un réveil heureux de l’esprit national. Elle confirme nettement les Impressions d’Italie, la Vie du Poète, les Poèmes chantés et, témoignant de tendances très particulières, annonçant de manière formelle une série d’ouvrages de même nature, elle nous renseigne sur des intentions assez bien définies déjà, assez nobles en somme pour valoir, je crois, d’être mises en lumière. Il m’a semblé que, en apportant le bonheur aux souffrants, l’idée, la forme aux producteurs, la gloire et la beauté aux êtres d’imagination et de contemplation, la Muse de Paris, d’un grand geste, promettait à tous le réconfort d’un art nécessaire et attendu.

Voilà donc un musicien qui, à cette heure