nages, les symboles, les thèmes et l’orchestre. Comme Parsifal, Fervaal, prince de Cravann, dernier descendant des dieux, est prédestiné à une sainte mission ; comme le nain Alberich, il a maudit l’amour ; comme Siegfried et Siegmund, comme Parsifal encore, il a grandi dans la forêt solitaire et lointaine, élevé par le pontife Arfagard, qui sera son Kurwenal. Une voix a dit : « Tzeus est mort, Esus dort, Yésus veille, Yésus vient. » Une autre, répondant, a clamé : « De la bise et du vent Cravann est menacée ; unique est le Sauveur : le chef élu, le fils des Nuées. Mais qu’il soit pur et que l’Amour jamais ne trouble son corps ni son âme. » Retournant en Cravann, le jeune homme et le vieillard traversent le Midi de la Gaule — c’est à l’époque légendaire des invasions sarrasines — et tombent dans une embuscade de paysans pillards. Fervaal est blessé. Il succomberait si une femme, Guilhen, accourue, ne s’emparait du héros et ne l’emmenait en ses jardins de délices où, magicienne comme Kundry, amoureuse comme Iseult, elle le guérit par la vertu des plantes mélangées, par le pouvoir des mystérieux breuvages. Afin d’arracher Fervaal au charme sensuel, afin de lui rappeler la prédestination, Arfagard, comme Wotan à Brunnhild, au second acte de la Valkyrie, fait au fils des Nuées un
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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN