drame que j’admire chaque jour davantage, n’a
pas cessé une minute, aux heures joyeuses du
travail, d’être à mon égard l’inspiratrice la plus
facile, la meilleure, la plus noble, la plus éloquente et la plus forte. Si j’ai écrit, au cours de
ma partition, quelques pages dignes de l’estime
des vrais artistes, c’est à cette prose, aux sentiments qu’elle exprime, qu’il en faut reporter
l’honneur. Ma musique est inséparable des mots
et des idées qui l’ont fait naître, et ceci est ma
fierté. Je prie que l’on m’excuse d’avoir parlé de
moi.
Mais la question, je le répète, est d’ordre très général et j’ai à cœur de la préciser. Le théâtre littéraire ne vit que de logique et de vérité. Il est la reproduction fidèle des événements humains magnifiés par le génie jamais pareil des créateurs. Le théâtre musical ne devrait pas chercher d’autres moyens d’existence. Les sons, s’ajoutant au verbe, lui prêtent une magie particulière et lui permettent de tout dire, et rien ne semble plus beau et plus naturel que cette alliance de la littérature et de la musique. Hélas ! elle se fait bien rarement. Le théâtre musical, rapetissé par ses formes illogiques, son peu de souci de la vérité, serait mort à la peine, si le mouvement qui l’emporte depuis quelques