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KERMARIA

donné s’accomplira le mystère de rédemption. Et, à la cime d’une roche, apparaît, fantôme blanc, la coupable, annonciatrice des futurs pardons.

Dans la cour d’une ferme, tandis que résonne par les campagnes, affaiblie, lointaine, la marche chouanne — c’est à la fin du XVIIIe siècle — passe, silencieux, l’ermite, centenaire à présent. Deux jeunes gens le regardent s’éloigner. Yvon, le sergent républicain, mal guéri de la blessure qu’il reçut dans son récent combat contre Yann le Chouan s’appuie à l’épaule de Tiphaine, qui l’a recueilli, soigné et sauvé. Les parents de celle-ci, Alain et Annette, contre son gré, l’ont promise à Yann, maintenant furieux de se voir préférer un ennemi. Mais le soir tombe et les bonnes femmes du village, apportant leurs rouets, s’installent pour la veillée. L’Angélus sonne et la poésie de son carillon évoque le souvenir des belles légendes d’Armorique. Il en est une, plus merveilleuse encore que toutes les autres, et Tiphaine la conte.

Le château de Kermaria, dont les murs en ruine s’érigent, là-haut, sur la falaise, est un château enchanté. Une âme l’habite, l’âme de la Dame Bleue, secourable aux purs amants, et, parfois, dans la chapelle, sous son inspiration, chantent encore les vieilles orgues majestueuses