théâtre, soucieux de laisser après eux quelque chose de durable.
Pas une fois, au courant de l’œuvre, vous ne rencontrerez un air, un duo, un quatuor, un ensemble de facture convenue, avec ce retour arbitraire du motif principal qui est une horrible violation de la logique. La liberté de la forme, de la première à la dernière note, est absolue, mais cette liberté ne porte point préjudice à la perfection de cette forme. Mozart, merveilleux symphoniste, reste constamment symphoniste dans ses ouvrages dramatiques et, là encore, il y a un lien qui rattache à son art l’art contemporain. Ses scènes sont construites comme des morceaux de symphonie, et il ne se fait pas faute de traiter ses voix à la façon instrumentale, en disposant à son gré, ainsi que d’un élément polyphonique. Son orchestre n’a point un rôle effacé ou secondaire. Il chante, parle, agit, dessine les personnages, commente leurs pensées les plus intimes. Et l’on reste stupéfait de la diversité de ces personnages, diversité que seul l’orchestre, par sa puissance évocatrice, pouvait donner. Dona Anna, dona Elvire et Zerline sont absolument différentes, si différentes et si synthétiques en même temps, que passionnées, douloureuses ou joyeusement inconscientes, elles représentent, à elles trois,