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ACTE V. 359

un règne plus heureux que le mien Où êtes-vous, chers enfans, approchez & embrassez votre… frère, baisez ces mains, ministres de mes fureurs, ces mains qui ont réduit votre père à l’état où vous le voyez. Reconnoissez celui,qui, sans le sçavoir, vous a engendrées dans les flancs de celle qui l'a enfanté. Chères filles, que je plains votre sort ! je pleure (c’est l’unique usage des yeux qui me reste) je songe au triste héritage que je vous laisse. Chargées des crimes d'un père, quelle vie allez-vous mener désormais ? A quelles assemblées, à quelles fêtes oserez-vous paroître ? hélas, au lieu de goûter ces innocens plaisirs, combien de fois serez-vous contraintes de retourner dans vos maisons les yeux baignés de larmes, & le cœur serré de douleur ! quand l’âge aura amené le tems de l'hymen, quelle mère, quel père aimeront assez peu leurs fils pour permettre qu’ils partagent l’opprobre répandu sur les miens & sur vous ! car enfin, que manque-t-il a vos calamités ? nées d’un père qui a tué son père, qui a épousé sa mère, qui vous a formées dans le sein où il fut lui-même formé, tels sont les outrages dont on fera rougir vo-