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ACTE V. 355

mon attente, vous vous montrez meilleur que je ne suis méchant, souffrez que je vous demande encore une faveur. C’est moins mon intérêt que le votre, qui m’engage à vous la demander.

Créon.

Quelle est donc cette faveur si ardemment souhaitée ?

Œdipe.

Exilez-moi au plutôt de Thébes, & faites-moi conduire en un lieu où je puisse n’avoir commerce avec aucun mortel.

Créon.

• Prince, à ne vous rien céler, l'Oracle a parlé; j’aurois obéi. Mais le respect, la tendresse, tout m’enga-


• J’ai mis ici plus le sens que les expressions, qui sont telles, suivant la traduction de M. Dacier. Je l'aurois déjà fait; c'est-à-dire, je vous aurois chssé déjà, si, &c. Le respect infini des Anciens pour les Oracles, peut seul justifier cette parole crue, que j’ai adoucie sans m’écarter du sens de Sophocle. Ce préjugé pour les Oracles exigeoit que Créon obéit, mais, dit le Scholiaste, la compassion pour Œdipe, & la crainte d’être regardé comme un ambitieux qui vouloit profiter du malheur du Roi, demandoit qu’il consultât les Dieux derechef.