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ACTE V. 351

Comment pourrois-je jouir d’une si chère vue; de quel front oserois-je soutenir leur aspect ? Ah, que ne puis-je encore me priver de l’usage des oreilles, aussi-bien que des yeux ! que bientôt également sourd & aveugle, je fermerois cette entrée à de nouvelles douleurs ! il est doux dans les maux de s’en épargner ou d’en adoucir au moins le sentiment. O Citheron, pourquoi me reçutes-vous dès le berceau, ou pourquoi ne me donnâtes-vous pas la mort après m’avoir reçu dans votre sein ! que ne dérobiez-vous mon sort à la connoissance des hommes ! ô Polybe, ô Corinthe, ô Palais, que je crus la maison de mon père, quel monstre, quel assemblage de maux avez-vous nourri sous l’apparence d’un fils de Roi ! de cette ancienne splendeur, que reste-t-il ? le plus méchant des hommes, issu de la plus abominable race qui fut jamais. O chemin de Daulie, ô forêts, ô buisson, ô sentier étroit, vous qui avez bu le sang d’un père qui couloit par mes mains, avez-vous marqué par des traits ineffaçables le souvenir des forfaits que je commis alors, & que je devois commettre en allant à Thé-