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ACTE IV. 339

IV. INTERMEDE.

Le choeur.

Race mortelle des humains, que vous êtes peu de chose à mes yeux ! toute votre félicité n’est qu’un vain fantôme né de l’opinion. Fut-il jamais homme plus fortuné qu’Oedipe ? qu’est devenu son bonheur ? Un instant l’a vu naître & s’évanouir pour toujours. Oui, Œdipe, instruit par votre funeste destinée, je ne croirai aucun mortel véritablement heureux. Parvenu au faîte de la grandeur, vous avez joui de la plus riante fortune. Quelle fut votre gloire quand vous triomphâtes du Sphinx, quand devenu l’appui de notre Patrie vous la délivrâtes de ce monstre cruel, dont les artificieuses questions nous coûtèrent tant de larmes & de sang ! Libérateur des Thébains vous devîntes leur Roi: & maintenant est-il au monde un homme plus à plaindre ? en est-il aucun qui ait éprouvé de si effroyables revers ? aucun qui soit plongé dans un plus affreux abisme de crimes & de Maux ? Grand Roi, comment êtes-vous

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