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        SUR LE THÉÂTRE, &c.       7

& des Racines peut, en charmant tous les esprits, laisser encore lieu aux Anciens de mériter nos applaudissements sur ce qu’ils ont de beau, sans préjudice de la critique sur leurs défauts réels. Mais ce n’est pas ici le lieu d’examiner en quoi & jusqu’où l’on doit comparer les anciens Tragiques avec les modernes; & je réserve pour cet article un discours particulier.

III. Source des jugements contre les Tragédies Grecques, & règles pour en juger sainement Après avoir insinué mon dessein & les raisons qui m’y ont porté, je passe à la source des jugements pour & contre les Poètes dont je parle, & à la règle qu’il semble qu’on doit suivre pour éviter également l’adoration & le mépris: car il est certain qu’à considérer, comme on le doit en toutes choses, les opinions extrêmes qu’on a eues sur les Poètes Grecs, elles se réduisent à ces deux-là. En effet deux sortes de personnes regardent le Théâtre antique avec des yeux bien différents; c’est, disent les uns, le plus haut point de perfection où l’esprit humain puisse atteindre: à entendre les autres, ce n’est au plus que l’enfance & le bégayement de la Tragédie; & ce qu’il y a de singulier, c’est que les uns & les autres com-

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