Page:Brumoy - Le Théâtre des Grecs (1763) - Tome 1.djvu/285

Cette page n’a pas encore été corrigée

             ACTE I.               261

tant de misères, Minerve, volez à notre secours. Mettez en fuite cette divinité barbare, ce Mars exterminateur, qui plus redoutable que le Dieu des combats, nous fait impitoyablement périr sans armes, sans égide, sans appareil de guerre. Écartez-le de nos climats, précipitez-le ou dans le vaste sein d’Amphitrite, ou dans les abysmes profonds de la mer Thracienne & du Pont-Euxin.'*' Hélas ! ce qu'une nuit a épargné devient la proie du jour suivant. Grand Jupiter, qui faites gronder le tonnerre, écrasez ce génie de vos foudres. Dieu de Lycie, Apollon, préparez pour nous secourir, votre arc, votre carquois d’or, & vos flèches: Et vous, † Diane, lan-


'*' Sophocle appelle cette mer, aujourd’hui Mer Noire, non pas ???????, mais ???????, comme s’il disoit; Pontum inhospitalem, funeste à ses Navigateurs; & cela pour plusieurs raisons: parce qu’elle est fort orageuse, semée d’écueils, mal pourvue de bons ports; mais sur-tout, à cause des Nations féroces qui la bordoient en ces tems-là. Si dans la fuite on a nommée ?????, Hospitalière, on sçait que c’est par antiphrase, ou contre vérité.

† Diane, ou Hécate, étoit censée agiter les hommes par des fureurs, aussi-bien que Bachus. Ce sens est plus naturel que celui qu’y donne M. Dacier.