DES THÉÂTRES. 219 que, source unique du Tragique. Quelle que soit enfin l’impression qu’elles nous font, il est toujours certain que le Théâtre ancien les admettoit comme un ornement, & que le moderne ne les souffre plus qu'avec beaucoup de précaution.
Ce n'est pas que nos Tragédies Françoises, dépouillées de ce merveilleux, en ayent moins de noblesse & de grandeur. C'est au contraire par ce point là même qu’elles se font remarquer. Quelle pompe que celle de notre Théâtre élevé, ce semble, au-dessus même de la grandeur Romaine par le grand Corneille ! les merveilles éteintes revivent pour nous, & revivent d’autant plus divinement, que leur nouvelle vie a quelque chose de plus magnifique encore que la première. Les Romains furent-ils jamais si majestueux dans leurs sentiments & dans leurs idées qu’ils le sont sur notre Théâtre ? quelle profondeur de politique ! quel raffinement de fierté ! sont-ce des héros de ce monde ? sont-ce des génies d’un monde supérieur ? tout tremble, tout s’abaisse devant eux; & ils croyent faire honneur aux
K ij