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qui nous dira ce qu’elle vaut. Mais en tout cas, il faut remarquer que, par suite de sa position, la ligne jouit d’un monopole de fait puisque seule elle permet d’accéder à un réseau navigable de près de 18 000 kilomètres, et rarement, sinon jamais, un chemin de fer aura une si belle situation.

On descend du train à N’Dolo, sur le Stanley Pool. On est là à 8 kilomètres de Léopoldville, le centre administratif, qui est à 5 kilomètres de Kinchassa où sont les principales factoreries. On a choisi N’Dolo comme point terminus, bien que des embranchements aillent à Kinchassa et à Léopoldville, parce que sa baie est assez bien protégée et que son mouillage vaut mieux que celui de Léopoldville. L’accès de ce dernier point est assez difficile et même dangereux. Il faut éviter qu’en cas d’accident de machine, les bateaux emportés par le courant, très violent en cet endroit, ne soient entraînés dans la chute du Congo, qui tombe très près en aval, comme cela est arrivé il y a quelques années, à la Ville de Verviers, qui s’est ainsi perdue corps et bien.

Le Stanley Pool est un lac de forme elliptique dont les axes ont 24 et 17 kilomètres. Il est semé d’îles, d’îlots, de bancs de sable qui découvrent parfois, car les dénivellations du fleuve sont de près de trois mètres. La grande île est Bamou, qui nous appartient depuis 1894. Elle a 14 kilomètres, sur 4 au maximum. Nous y avons installé, au milieu des moustiques et des hippopotames, des libérés annamites qui y font du jardinage et de l’élevage.

Il y a une heure de vapeur de N’Dolo à Brazzaville. Il ne faut pas se figurer cette ville comme une grosse agglomération. Les maisons entourées de jardins s’égrènent le long de la route qui mène du poste à la maison hollandaise et qui a 4 kilomètres. Les bâtiments de l’Oubangui et de la Flottille sont presque à moitié chemin.

Les missions des Pères et des Sœurs sont un peu à l’intérieur, et une belle cathédrale édifiée par Mgr. Augouard domine Brazzaville.

Quels sont les types de vapeurs employés dans cette région de l’Afrique ? Au début, on avait de petits bateaux à hélices ou à roues latérales avec quille, et calant de 1m10 à 1m180. On les a abandonnés, en général, pour employer, en aval des rapides, des vapeurs à fond plat, monoroues, ne calant que 60 à 80 centimètres en charge. Avec ce type, on ne peut avoir plus de 8 à 9 nœuds de vitesse, ce qui fait que pour passer les rapides il faut des bateaux à hélice. C’est ce qui nous a conduit à adopter, pour le bief supérieur de l’Oubangui et pour le Chari, des bateaux très plats, bien qu’ayant une quille, et qui, grâce à leur hélice sous voûte, ne calent que 60 centimètres en pleine charge. Tels sont le Jacques d’Uzès et son frère le Léon Blot.

Tous ces bateaux sont chauffés au bois, ce qui nécessite d’avoir