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solidement à de gros pieux ou à des roches. Le poisson, entrainé par le courant est précipité dans les nasses et on vient le recueillir en pirogue.

Le poisson est excellent, mais ne ressemble à aucune de nos espèces d’Europe. Parmi les plus curieux, il faut signaler le poisson trompe, ainsi nommé parce que sa tête est terminée par une petite trompe, et les silurides, reconnaissables à leur grosse tête et aux longs barbillons qui garnissent leurs lèvres. Certains sont de très grande taille, 1m,50, et pèsent jusqu’à 50 et 60 kilos. On les pêche facilement au harpon. En juin et en novembre, les femmes prennent avec de petits filets montés sur un ovale en bois des petits poissons qui sont excellents comme friture. Elles les mettent à mesure dans un petit panier qu’elles portent attaché au front.

Les Sango sont de fort beaux hommes, grands et bien musclés, surtout des bras et de la poitrine. Comparativement aux membres supérieurs, les jambes sont presque toujours un peu grêles. Cela s’explique d’ailleurs facilement, le pagayage ne développant que le haut du corps.

Ils ont, ainsi que les Yakoma, un tatouage caractéristique. Ce sont de petites excroissances de peau, qu’ils se font au milieu du front, verticalement, au nombre de six à huit. Chacune a la forme d’une larme, et l’ensemble l’aspect d’une crête de coq. Hommes et femmes ont ce tatouage, qui est un signe de leur race. Ils se font d’autres tatouages de formes diverses sur toutes les parties du corps.

Plus encore que les Banziri, ils se mettent des perles dans les cheveux, qui sont tressés en petites nattes. Les modèles varient à l’infini, certains ont la forme d’un casque avec cimier et couvre-nuque. Les modes sont variables comme chez nous, et parfois les anciennes coiffures, dans lesquelles des baies sauvages de couleurs diverses remplaçent les perles, reparaissent. Telles de ces baies se portent en signe de deuil.

On porte beaucoup de bracelets en cuivre rouge. Quelques-uns sont fondus et travaillés, d’autres faits seulement avec le fil de cuivre brut qui nous sert à les payer. Les femmes élégantes portent de ces bracelets à la cheville, au-dessus et au-dessous du genou, au poignet et au-dessus du coude. On s’épile soigneusement les cils et les sourcils, et on remplace ces derniers par des traits faits au noir de fumée. On s’enduit souvent le corps d’huile de palme mélangé de mlio, poudre de bois rouge, qui conserve à la peau sa souplesse.

Les villages sont construits à découvert sur le bord du fleuve, parallèlement à lui et le long d’une allée. Toutes les cases sont rapprochées les unes des autres. Les habitations Sango et Yakoma ont un toit conique de forme élancée, qui repose sur un petit