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les fabriquent, et on commence à sentir l’influence musulmane qui se révèle dans la forme des couteaux et le travail du cuir des gaines.

Les femmes Banziri portent de longs cheveux, tressés en petites nattes, qui très souvent sont allongées avec de petites cordes. Certaines de ces chevelures tombent jusqu’au milieu du dos et pèsent plusieurs kilos, et certaines élégantes en ont de si longues, que, pour les empêcher de traîner sur le sol, elles sont obligées de les enrouler en turban autour de la tête, ou de les relever sur l’épaule à l’aide d’un bâton. Elles portent un grand nombre de colliers de perles rouges de 2 millimètres et demi de diamètre environ, et quelques grosses perles bapterosses.

Le costume proprement dit est des plus sommaires : une ficelle autour de la taille, qui supporte un petit pagne en écorce de figuier battu. Aux bras et aux jambes, elles ont d’immenses bracelets, formés de fil de fer enroulé en spirale très serrée, qui leur montent jusqu’au coude et jusqu’aux genoux. Elles ont souvent les lèvres percées, pour laisser passer un petit anneau ou un disque de plomb ou d’étain qui a parfois 3 centimètres de diamètre.

Les villages Banziri sont en général au milieu de clairières le long du fleuve, et les cases par groupe de cinq ou six, séparées du groupe voisin par quelques mètres de brousse ou de forêt.

Les Bamaka forment un groupe qui s’étend sur 40 kilomètres en amont du pays Banziri. Les Belges les appellent Sakas ; c’est le nom que les Sango et les Yakoma leur donnent. Ils ont neuf villages sur notre rive, habités par environ 4,000 habitants. Par beaucoup de points les Bamaka se rapprochent des Banziri ; ils ont des cases, des pirogues de même forme ; les femmes se coiffent de même ; mais le langage diffère, et, avant notre arrivée, ils étaient fort mal ensemble. Maintenant encore, dans nos convois, lorsqu’ils sont côte à côte, il y a souvent des rixes entre eux, alors qu’ils entretiennent de meilleures relations avec les Sango.

Les Sango occupent près de 130 kilomètres de rivière. Ils ont chez nous quarante-et-un villages habités par 14 à 15,000 hommes. Leur centre est Mobaye.

À cet endroit, il y a un rapide important. Aux basses eaux, le fleuve n’a que 300 mètres de large, tandis que sa largeur moyenne est de 12 à 1,500 mètres, mais il est très profond. Il se franchit alors très facilement. Mais lorsque les eaux montent, bien que s’élargissant et s’écoulant par deux passes ayant une largeur totale de près de 600 mètres, le courant y est excessivement impétueux, et pour le remonter il faudrait des vapeurs à grande vitesse. La passe étant large et sans aucun écueil, la seule difficulté est la vitesse du courant.

Les indigènes installent, dans la partie des roches recouvertes seulement de 1 mètre d’eau, de grandes nasses, qu’ils fixent au moyen de lianes de 10 centimètres de diamètre, celles-ci amarrées