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de rapides, a bien son cours supérieur qui se dirige sur Hofrat-en-Nahs, mais elle ne pourra probablement jamais être utilisée sérieusement pour aller dans cette direction.

Les populations riveraines, les Ouaté (gens de la rivière), diffèrent totalement de celles de l’intérieur, et leurs villages sont sur les bords mêmes de l’Oubangui, ou tout à fait à proximité, jamais à plus de 2 ou 3 kilomètres. Il est fort probable que les Banziri, les Bounrakas, les Sangos, les Yakomas, qui actuellement occupent les deux rives de l’Oubangui depuis l’embouchure de la Kemo jusqu’à Ouango M’Bomou, sont des populations venues de l’Est en descendant l’Ouellé.

Il y a en effet une foule de ressemblances entre eux et les naturels découverts par Schweinfurth, tant dans le costume que dans les ornements, les mœurs. Il y a parfois même des similitudes de noms remarquables : ainsi sur les bords du Bomokondi, une tribu, celle des Aba-Sango, porte, à la particule près, exactement le même nom que les populations qui environnent Mobaye.

Au contraire les gens de l’intérieur, désignés par ceux du fleuve sous le nom générique de Mdri, et qui en réalité se nomment : Langouassi, Dakoa, Ngapons, Gobons, et plus à l’est les populations Bougou (à tort, sur les cartes et dans les livres, on orthographie Boubou), semblent venir du nord-est, du Dar Banda, pays qui comprend les hautes vallées de la Kotto et du Chinko. C’est sur les bords de cette dernière rivière, que Rafaï cherche à soumettre les Gabons et les Angappons. Leur langage, leurs mœurs, leurs cases, petites, rondes, terminées au centre par un clocheton gracieux de 1m,50 de haut, et chez eux juchées çà et là sur des termiticus, tout et spécialement les couteaux de jet, offre une si grande similitude avec ce que nous avons pu observer chez les Mdri et les Bougou que l’on peut affirmer sans hésiter que tous ces peuples ne forment qu’une seule et même race. Elle doit s’être divisée, il y a trente ou quarante ans lorsque les marchands Nubiens ont franchi la crête du bassin du Bahr el Ghazal, pour venir faire des esclaves dans le Dar Banda. C’est pour les fuir qu’une partie des habitants de ce pays s’est dirigée vers le sud-ouest.

À côté de ce courant venu du nord-est, et presque en diagonale, il s’en est produit un autre. Les Ouadda, les Sabanga, les Bagba, les Togbo Mbron, viennent du nord, nord-ouest. Ils ont été refoulés par les incursions des Musulmans du nord, du Baghirmi, du Ouaddaï et par les bandes de Rabah et de Snoussi.

Les Banziri occupent toute la boucle de l’Oubangui en amont de l’embouchure de la Kémo, jusqu’à Pingué, qui se trouve au point l’Oubangui cesse de couler presque plein ouest pour se diriger vers le nord, puis le nord-ouest. Ils occupent environ 200 kilomètres de rivière, dans une région où, même aux basses eaux, il