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palmiers indique que le pays est riche en huile de palme, qui est la base de la cuisine indigène, parfois même de celle des blancs.

En remontant l’Oubangui, on aperçoit les emplacements de nos anciens postes de N’Koundja et de Modzaka, avant de faire escale au poste belge d’Imessé. N’Koundja fut établi sur la rive gauche et construit par M. Ponel qui l’occupa quatorze mois. À cette époque la délimitation de 1887 n’était pas faite, et d’après l’acte de reconnaissance de l’État indépendant en 1885, les deux rives du Bas-Oubangui nous appartenaient. Un peu au-dessus d’Imessé, sur notre rive, débouche l’Ibenga, que Van Gèle remonta en 1886 sur 150 kilomètres. Est-ce son cours inférieur que MM. Ponel et Fredon ont traversé en 1892 près de Goro et désigné sous le nom de M’Baiéré ? Les avis sont partagés : M. Wauters soutient l’affirmative ; M. Ponel croit que c’est la Haute Lobaï.


armes sango.

À partir d’Impfondo, on est en pays Bondjo. Les naturels sont grands, beaucoup ont 1m,80 ; ils sont fort bien bâtis, malheureusement leur masque est bestial et termine fort mal leur corps d’athlète. Les hommes portent le pagne d’écorce battue qui se trouve partout en amont sur l’Oubangui, l’Ouellé et le M’Bomou. Ils sont en général, surtout les Ngombés, d’excellents forgerons ; aussi leurs armes sont-elles fort belles. Ils portent une cuirasse en peau d’éléphant que supportent des bretelles. Elle ne ferme pas sur la poitrine, c’est la gaine d’un large couteau qui est attaché à la cuirasse qui protège le thorax. Ils ont de jolis boucliers en vannerie.

Les femmes ont comme pagne une ceinture de 0m,50 de long, formée d’une série de tresses, de fibres de bananiers qui flottent et qui leur donnent l’aspect de ballerines. Comme ornement, elles portent quelques bracelets de cuivre jaune ou rouge et un tour de cou original : c’est un carcan haut de 0m,05 dont la coupe est celle d’un fer à T qui se termine derrière la tête par deux volutes très gracieuses. Ces colliers n’ont pas plus de charnières que ceux portés par les femmes Boubanguis et ne peuvent s’enlever que très diffi-