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panse, l’animal peut ingérer une quantité très considérable de ferment avant d’en ressentir les premiers effets qui le porteront à cesser de manger. On constate aussi que les météorisations sont fréquentes lorsque souffle le vent du midi et que les bestiaux paissent la tête tournée au vent.

Le sorgho, que l’on avait essayé d’introduire il y a quelques années, dans l’alimentation des grands ruminants, a produit de nombreux et de graves météorismes. Mais ces sortes d’indigestions se distinguent de celles que produisent la luzerne ou le trèfle en ce qu’elles s’accompagnent souvent de torpeur et de vertige. J’ai moi-même vu une vache à laquelle on avait donné quelques feuilles de sorgho rester couchée et comme engourdie pendant plus de trois heures, même après que le météorisme eût été dissipé. Cette plante a donc une action toute particulière qui, d’après M. Lafosse, pourrait provenir de sa richesse en matières sucrées. En fermentant dans le rumen, ces matières sucrées, tout en fournissant le dégagement de gaz, pourraient en effet produire de grandes quantités d’alcool qui, absorbé, donnerait lieu aux phénomènes nerveux que l’on observe en même temps que le météorisme. Quoi qu’il en soit, le sorgho, vert ou sec, doit être banni de l’alimentation jusqu’à ce que l’on ait trouvé le moyen d’utiliser sans danger cette plante qui présenterait des avantages marqués à tant d’autres égards.

Les fourrages secs qui, par leur nature, sont plus réfractaires aux actions digestives que les fourrages verts ne donnent pas lieu cependant à des indigestions aussi fréquentes, parce qu’étant moins appétissants ils sont mangés avec moins d’avidité, et parce qu’étant moins fermentescibles ils