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O VIEILLARD, TU TE PLAINS.


Ô vieillard, tu te plains, au seuil de la centaine,
De rester sans amis, de languir sans espoir,
À ton foyer brisé d’être seul à t’asseoir,
D’avoir à mendier un bras qui te promène ;

Tu gémis sur ton sort, sur ta vue incertaine,
Évoquant l’âge heureux où tu lisais le soir ;
Tu vas de jour en jour, anxieux de savoir
Si ton heure dernière est ton heure prochaine.

Ingrat, retourne-toi, plonge dans ton passé
Si vaste et si divers ton regard renversé ;
Contemple un siècle entier de tes yeux sans lumière.

Le monde qui pour toi n’offre plus de secrets
T’apparaîtra meilleur de plus loin que de près ;
Et, rendant grâce au Ciel, récite une prière.