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Car l’Air c’était l’empire inviolable,
Silencieux de la Divinité
Dont nul mortel n’osait, suivant la Fable,
Rompre le charme et la sérénité.

Que si la Foudre éclatait dans les nues
Répercutée en lointain grondement,
Vite accouraient les Grâces ingénues
Rendre aussitôt l’azur au firmament.

Vers Lui montaient l’espérance, le rêve
Qu’il servirait d’asile aux nations,
Que les partis un jour y feraient trêve
Aux jeux sanglants de leurs ambitions.

Hélas ! Hélas ! l’asile est une arène
Retentissant du fracas des combats,
D’où des guerriers font retomber leur haine
En traits de feu sur les foules d’en bas,

En mitraillant des villes sans défense,
Des affligés prosternés au saint lieu,
Et des abris-refuges de l’enfance,
Et des vieillards gîtés aux Hôtels-Dieu.

Jamais leur bras forcené ne balance,
Rien ne l’arrête en son geste brutal,
Ni le drapeau flottant sur l’ambulance,
Ni les signaux du navire-hôpital.