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Je vous revois en vos exploits nautiques,
Par le temps calme ou les vents orageux,
Mettre à la mer complaisante à vos jeux
Des yachts plus fiers que des transatlantiques.

Je vous entends jaillir dans les massifs,
Frémir d’orgueil, triomphales fontaines,
Accompagner de vos chansons hautaines,
Par les sentiers ombreux, nos pas oisifs ;

De votre écume escaladant les hêtres,
Vous saluiez le fronton du Palais
Où la Justice, à côté de la Paix,
Célèbre encor les vertus des ancêtres.

Bosquets, charmille, et vous, berceaux discrets,
Nous savourions, confidents d’un beau livre,
Sous vos rameaux, la volupté de vivre
En respirant les senteurs des forêts.

Peuple, bourgeois, par les après-dînées,
Fraternisant sous les mêmes couverts,
S’y délassaient aux accords des concerts,
Insoucieux, sûrs de leurs destinées ;

Le soir venu, des plaisirs innocents
Les ramenaient sous les dômes splendides,
Dans les jardins dignes des Hespérides,
Illuminés de fruits incandescents.