» Certains de ses enfants se sont levés contre elle.
» Trahison ! Sacrilège ! Ah ! parmi ses douleurs,
» La plus vive ne fut jamais aussi cruelle !
» Mais louez Dieu, bientôt luiront des jours meilleurs.
» Dans les champs ravagés le blé déjà repousse,
» Au creux des murs branlants l’oiseau refait son nid,
» L’anémone se fraye un chemin sous la mousse,
» Au vieux monde succède un monde rajeuni.
» De là-bas, de l’Yser, des plaines riveraines,
» Nous vous ramènerons vos fils et vos époux,
» Et vous reconnaîtrez, en acclamant la Reine,
» L’Ange qui nous pansa, courbée à deux genoux.
» Nous vous ramènerons, grave et doux sous son casque,
» Celui dont Rome eut ceint le front d’un laurier d’or ;
» L’absence et le péril auront sculpté son masque,
» Un masque antique et pur de jeune Imperator.
» Quand il reparaîtra, les foules en délire
» À son char triomphal attelleront leurs bras ;
» Les rameaux d’olivier, les palmes du martyre
» S’inclineront avec les drapeaux sur ses pas ! »
Ainsi chante la Brabançonne.
Son chant dans nos âmes résonne
Comme sonne l’airain pieux
Tour à tour lugubre et joyeux.