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 » De nous y préparer Tu nous laissas le temps ;
» Nous venons donc à Toi contrits et pénitents.
» Ta Justice n’est pas comme celle des hommes ;
» Ce que nous avons fait, pensé, ce que nous sommes,
» Tu le sais, ô mon Dieu, car Tu lis dans nos cœurs.
» Les âmes qui vers Toi vont s’envoler sont sœurs,
» Leurs destins sont pareils, leurs mérites les mêmes,
» Ouvre leur Tes parvis et Tes gloires suprêmes ;
» Que Ta main les accueille et leur daigne impartir,
» Pour prix de leur vertu, la palme des martyrs.
» Que Tes Anges, Tes Saints, les Chefs de Ta Milice,
» Que Ta Cour les escorte au sortir du supplice !
» Toi qui, sur le Calvaire, au bon larron as dit :
» Tu seras avec Moi ce soir en Paradis,
» Toi qui versas Ton sang sur l’autel à la messe,
» Permets-nous de compter sur la même promesse,
» Et fais que notre sang, montant d’un autre autel,
» S’élève en holocauste offert à l’Immortel. »
Mais voici qu’on le presse, et pourtant il demeure :
« Et vous, Mère de Dieu, priez pour nous à l’heure
» De notre mort,.. » — « Amen » ont dit les moribonds
Cependant que le glas martelait leur répons.

. . . . . . . . . . . . . . .

Le cortège pieux quitte alors la chapelle,

Chacun marchant en brave au trépas qu’il appelle,
Portant au cou le saint rosaire et, dans la main,
Le Dieu crucifié qu’il baisait en chemin.


16 mars 1918.



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