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 « Ne pleurez pas sur nous ; l’heure n’est pas aux larmes
« La patrie en péril appelle à l’aide, aux armes !
« N’importe où ni comment, chacun la doit venger,
« Avoir sa part d’honneur et sa part de danger.
« D’autres ont succombé sur les champs de bataille ;
« Sachons mourir comme eux sans que le cœur défaille.
« Notre œuvre fut obscure à côté de la leur,
« Pourquoi revendiquer pour nous un sort meilleur ? »

Ces mots dits, on les voit, couronnant leur ouvrage,
Parmi leurs familiers relever le courage,
Les ranimer du geste et, dans ces cœurs brisés,
Verser un peu de baume en de derniers baisers…



Or la nuit est venue, et, d’une foi pareille,
Les six, en oraison, prolongeront leur veille.
Un d’eux avait reçu l’onction du Seigneur
Qui l’a fait son ministre et le dispensateur
Des dons sacramentels et des grâces divines,
Nourrices des vertus des âmes héroïnes.
Son exemple appuyant son exhortation
Leur enseigne le prix de l’immolation,
Et tandis qu’à genoux on redit la prière
Qui des agonisants berce l’heure dernière ;
Qu’on fait en se signant le chemin de la croix,
Que les Actes : Je t’aime, et J’espère, et Je crois,
Exhalés d’un accent que la ferveur enfièvre,



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