Laetare ! couronnez le front des jeunes filles,
Primevère, Pervenche, Aubépine, Jasmins ;
Et vous que par brassée on moissonne, Jonquilles,
Premières fleurs des bois, parsemez nos chemins.
Que la joie en nos chants éclate, et l’espérance !
Arrière, souvenir, spectre des jours mauvais !
Voici le renouveau, le Printemps qui s’avance,
Messager de la paix !
Ah ! présages trompeurs, promesses illusoires,
Pronostics mensongers déchiffrés dans les cieux,
De la clarté sur l’ombre inutiles victoires
Et d’une paix pascale espoirs fallacieux !
Tandis que s’accomplit le fécondant mystère,
Que l’autel est paré de lys et de lilas
Pour la Communion du Ciel avec la terre,
Sonne le branle-bas !
C’est le moment choisi pour rentrer dans la lice.
Il faut que le soleil brille sur l’horizon,
Qu’une nature vierge, aux combattants propice,
Étende sous leurs pas des tapis de gazon.
La brise qui se lève est molle et parfumée :
C’est l’heure qu’on attend pour cingler dans les airs
Et pour lancer la foudre à travers la fumée,
La foudre et les éclairs.