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II


Mais n’allez pas penser, vous qui vivez ailleurs,
Que ces honneurs publics et ces apprêts funèbres,
Ce temple et ces autels, la cire et les ténèbres,
Ce sarcophage enveloppé de nos couleurs,
Et la foule innombrable accourue attendrie,
Et les rappels de l’orgue évoquant la Patrie,
N’allez point supposer qu’aux seuls puissants d’hier,
Aux seuls grands de la terre et de haute lignée,
La couronne civique ici soit décernée.
Un vent d’égalité souffle à travers les airs,
Égal est le courage, égale est la souffrance.
Tel a connu l’exil qui fit germer son mal
Et trouve à son retour la mort pour récompense,
Tel au continent noir reçoit le coup fatal,
Tel autre dans la steppe en son auto blindée,
ou quelque part en Flandre, au front, dans la tranchée,
Tel expie au piquet ses exploits de passeur,
Tel périt dans les flots pilote-aviateur,
— Tous ont renouvelé dans leur sang leur baptême,
Leur noblesse est pareille et leur palme est la même !


22 décembre 1917.



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