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LE TABAC DE SON JARDIN



C’est du tabac très ordinaire
Que je fume soir et matin,
Mais son mérite est exemplaire,
C’est du tabac de son jardin.

Or, un jour, d’un air de mystère,
Le planteur, en serrant ma main,
Me glisse à l’oreille : « Grand père,
« J’aurai mes dix-huit ans demain ;

« Sais-tu que je suis réfractaire ? »
Je vois encor son doigt mutin
Mimer le salut militaire
Avant son départ clandestin.

Depuis lors passe, coutumière,
Par le tabac de son jardin
Et par ma pipe de bruyère
L’haleine du vaillant gamin…



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