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Belgique indivisible ! Ah ! quand viendra le jour
Où tu t’arracheras des serres du vautour ?

Quand, parmi tes cités en deuil et faméliques,
Ne résonneront plus leurs pas et leurs musiques ?

Ah ! quand viendra le jour âprement attendu
Où nous pourrons ouvrir le livre défendu,

Vers de féconds labeurs retourner, l’âme en proie
Aux douloureux frissons de la première joie,

Savourer la douceur de ce premier matin,
Frémir au vent du large, altérés d’air marin,

Aux proscrits, aux captifs tendre des mains amies,
Baiser leurs pieds, leurs fronts et leurs lèvres blêmies ;

Comme au temps reculé de la belle saison,
Rassembler nos enfants dans la vieille maison ;

Nos enfants ! retrouver nos yeux dans leurs prunelles !
Les ravoir, abreuvés des larmes maternelles !

Et venger nos martyrs ! Aux murs teints de leur sang
Leur dresser des autels, leur brûler de l’encens,

Quel réveil ! quelle aurore après la nuit tragique !
Te revoir libre enfin, te revoir, ô Belgique !


Pentecôte 1916.



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