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métriques et l’échelle « qu’il s’était fixée » : « Tous les caractères doivent avoir 10 lignes et demie géométriques de hauteur en papier, suivant les règlements du Roi, ou 11 lignes 3 points de l’échelle. » — En mesures actuelles, le point a alors une valeur de 0mm,343.

Mais, en 1764, Fournier crut devoir augmenter la force de ce point : après l’impression de la table publiée en 1737, il s’était « aperçu que le papier, en séchant, avait rétréci un peu la juste dimension de l’échelle », et il remédiait à ce défaut « en suppléant ce qu’il fallait pour le rétrécissement du papier ». — Le point acquiert ainsi une valeur de 0mm,347.

Tous les auteurs n’acceptent pas sans restrictions les dires de Simon Fournier. Très simplement, certains estiment que Fournier a commis, dans ses calculs préliminaires, une légère erreur en employant des mesures inexactes, et en prenant, notamment pour le pouce une longueur différente de la longueur métrique réelle.

D’autres, tout en adoptant cette première opinion, insinuent, en outre, que Fournier, frappé de la supériorité et de la simplicité d’un autre système typographique créé depuis quelques années, avait cherché à remédier en partie aux défauts de son système.


III

SYSTÈME DIDOT


En 1755, François-Ambroise Didot[1] décida, on ne sait exactement à la suite de quelles circonstances, d’établir entre les corps « une différence suffisamment sensible pour les faire distinguer aisément les uns des autres à l’œil et au toucher ».

Mais, pour que le nouveau système eût quelque chance de succès, il devait, en tant que mesure en quelque sorte de longueur, offrir un rapprochement possible avec le système métrique en usage et être d’une réelle simplicité. Le système Fournier avait manqué à l’une au moins de ces qualités. Peut-être Didot ne l’ignorait-il point et sut-il dès lors éviter l’écueil qui pouvait faire échouer sa tentative.

La mesure type posée à la base du système fut, comme dans le

  1. Didot François-Ambroise, né à Paris en 1730, fut reçu libraire le 14 août 1753 ; il succéda à son père Didot François, en qualité d’imprimeur, le 1er juillet 1757. Le roi_Louis XVI le choisit pour imprimer les ouvrages destinés à l’éducation du dauphin.