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III

PLACE DU GUILLEMET


31. Dans son Guide du Correcteur, Tassis dit, et, après lui, nombre de manuels ont reproduit :
xxxx 1° « La ponctuation se place en dehors des guillemets quand la phrase qu’ils renferment n’offre pas un sens complet. »
xxxx 2° « Lorsque la phrase entre guillemets est complète, la ponctuation se place à l’intérieur des guillemets. »
xxxx À la lecture, ces prescriptions ne paraissent, pour leur application, devoir laisser place à aucune hésitation. Dans la pratique, malheureusement, il en est tout autrement, et, si nombreuses et si différentes sont les interprétations auxquelles elles donnent lieu qu’il n’est pas inutile d’examiner de près cette question.

a) D’abord quelques exemples :

1° « La peur bannit toute réflexion, et l’on continue à ne voir que des terreurs à Madrid. L’horizon s’éclairera bientôt. »

Mme d’Abrantès d’ailleurs a dépeint d’un mot le faste de Savary en Espagne : « Son échanson lui servait à boire à genoux. »

3° À chaque coup qui l’atteignait, il se détournait pour regarder en face le meurtrier : « Pourquoi me traite-t-on ainsi ? »

4° La junte se présenta sur les remparts et demanda au peuple sa volonté, et tout d’une voix le peuple répondit : « Guerre ! guerre ! Plutôt mourir que de se rendre ! »

Pour ces quatre cas, aucun doute ne saurait s’élever : la phrase entre guillemets dans les deux premiers exemples est entière ; si dans les deux autres exemples elle dépend d’une manière relative du texte qui précède, tout au moins son sens est complet, et elle possède une ponctuation qui lui est strictement personnelle : suivant la règle de Tassis, la ponctuation finale doit être placée avant le guillemet fermé.