§ 4. — Bouts-rimés
88. Les bouts-rimés sont de petites pièces de poésies faites avec des bouts rimes, ou, plutôt, des rimes données pour terminer les vers qu’il faut ensuite remplir, c’est-à-dire pour lesquels il faut trouver et la pensée qu’on peut y exprimer et les mots à joindre aux rimes déjà données.
89. Dans les bouts-rimés, les mots rimes, composés en italique, s’alignent entre eux par la gauche, sur le vers le plus long.
Voici l’exemple, donné par Th. Lefevre :
Je rencontrai, dimanche, un mort dans son
Voyageant tristement sur le chemin d’Arcueil;
Au fond d’un corbillard, comme en un bon fauteuil…
C’était le nom du mort : il fallut dans un fiacre
Emballer le défunt, les prêtres et le diacre.
Du sort qui nous attend voilà le simulacre,
Me dis-je ; le Mogol, sur son trône de nacre…
90. Un autre genre de bouts-rimés dont on ne connaît que quelques exemples est celui où les mots rimes se trouvent remplacés pur des chiffres dont, parfois, le total indique un âge, une date, etc.
D’après E. Morin, ce bout-rimé n’est qu’ « un alignement de chiffres », dont les diverses parties suivent les règles générales de composition relatives aux alignements ordinaires (caractère de corps inférieur à celui du texte, renfoncement sur la justification régulière, points de conduite, découvert, etc.) ; si les chiffres s’additionnent, leur alignement se fait sur l’unité. L’épitaphe du maréchal de Saxe[1], le héros de Fontenoy, mort à cinquante-cinq ans, est typique à cet égard :
- ↑ D’après E, Morin, dans le Matériel typo-lithe.